Archéologues du riff, Indiana Jones à la recherche de la note rocailleuse : Sylvain Choinier et ses acolytes remontent le temps pour aller puiser aux sources du Delta -et pas vraiment celui du Rhône, hein. Non, on parle de puissance primale et primaire d'un swing des bayous, du martèlement impitoyable des outils sur la pierre dans la chaleur des pénitenciers américains : King Biscuit a ramené l'essence du blues de son voyage mental.

Si elle cite volontiers Camille, c'est pour la sensibilité pudique des thèmes qu'elle aborde dans ses comptines folk ; si elle cite Barbara, c'est pour la grandeur d'âme qui l'inspire ; et si elle cite Norah Jones, c'est pour la couleur jazzy de ses chansons qui font swinguer ses bouclettes. Une nouvelle venue dans l'univers de la chanson alternative à découvrir d'urgence.

Comme l'histoire ne le dit pas, Johnny et Rose sont trois. Quatre, si on compte les illustrations d'Adèle Beaumais qui accompagnent l'univers du groupe. Mais assez de chiffres, parlons du cœur : leurs ballades naïves bricolées à l'aide de guitares cartonneuses, de percussions fruitées et de synthés minimaux feraient pleurer puis fondre un glacier islandais en un instant.

Les plus ardents défenseurs du reggae normand ont adopté le nom des arbustes du Sahel, et ce n'est pas un hasard : leurs syncopes se parent de sonorités typiquement africaines en invitant des instruments typiques, comme le n'goni, le tama ou le peuhl. Quand on ajoute à cette recette un goût prononcé pour l'esthétique jamaïcaine roots, on obtient sur scène la potion la plus magique qui soit.

Elli et Jacno, Serge et Jane (ou Brigitte, ou qui que ce soit), Jacques et Françoise, France et Michel... La chanson française est gouvernée par les duos ! Alors bienvenue à Sofi et Cris, qui forment les deux moitiés de cet organe indispensable de la pop rétro d'aujourd'hui. Délice de dérision, d'humour mutin et de mélodies confites, ce cœur-là est bien à prendre.

Figure indispensable du psychédélisme à la française, Steeple Remove concocte des paysages sonores majestueux dans le secret de son labo depuis déjà une vingtaine d'années. Un parcours jalonné de (trop) rares performances à domicile -et qui sera l'occasion cette-fois ci de déguster à pleine puissance leur dernier Vonal-Axis, nouveau monument architectural de rock hypnotique.

C'est évidemment toujours un plaisir que de saluer l'été en présence du plus rayonnant des groupes français, lui aussi né à Rouen : Tahiti 80 est une référence mondiale de la pop sunshine, joueuse et accrocheuse, révérée des Etats-Unis à l'Asie, dominée par la voix d'éternel ingénu de Xavier Boyer et des descentes d'accords propres à réconcilier la Motown et les Beatles.

Malgré les changements d’équipage, Nicolas Lerille reste fidèle à la barre du bolide electro sorti d'atelier à Rouen en 2011. Pas encore assez customisé, le véhicule le plus épouvantable de la scène française post- French Touch ajoute la « synth-wave » à son arsenal de destruction massive. En atteste Echoes from dawn, sorti en février, plus fou, plus noir, plus rapide... en roue libre.

Célébrant le métissage des rues de Harlem où il est né, le lindy-hop est une fête permanente qui défie les conventions sociales aux belles heures du Cotton Club dans les années 20 et 30, et qui doit son nom à Charles Lindberg et ses exploits aéronautiques. Il se pratique aujourd'hui plus que jamais et est proposé au public cette année par le groupe Need For Swing, les danseurs de Garden Swing. Le DJ Panthère Blessée chauffera la piste avant le concert. À vos souliers vernis !

Patate de forain ! Ce duo de guitares swing manouches voyage avec l'esprit tzigane dans ses bagages. Non seulement virtuoses sur leurs instruments, Sami Chaibi et Mike Davis se font fort de convoquer par des dispositifs scéniques divers tout un imaginaire du voyage, du cinéma, de l'actu... et bien d'autres surprises.

Né à Caen, ce quintet afro-fusion est porté par la passion du « petit frère » Drissa Dembélé pour la musique mandingue. Porteur de la culture des griots, gardiens de la tradition orale d'Afrique de l'Ouest, Drissa s'est choisi des compagnons d'armes pour accompagner ses mélodies au balafon, n'goni ou doun-doun. Comme dit le proverbe : tant que les lions n'auront pas de griots, la chasse sera toujours racontée par les hommes.

Ancien des Roadrunners et des Dogs, notre Gene Clarksville bien-aimé sait porter haut les couleurs d'une pop normande de première classe, car savamment influencée par nos voisins britons. Preuve avec son dernier opus en date, enregistré avec ses amis de Play, qui sonne comme si Joe Jackson avait mangé John Lennon. Miam, quel breakfast !

Les invités de Hanovre par voie du jumelage qui lie Rouen à la cité de Leine cette année sont de drôles de pacifistes : pas vraiment des hippies, ils ont pourtant choisi la guitare folk, le violoncelle et les percussions légères... mais auraient très bien pu choisir le « crust-hardcore » le plus énervé pour faire passer le propos écolo et engagé de leurs protest-songs.

Pop crémeuse aux accents rêveurs portée par la voix de Marion Brunetto, la musique de Requin Chagrin fait le pont à la nage entre Paris et Manchester, entre écriture « post-punk » et accroches jangle noyées dans l'écho. Pas étonnant que son deuxième album se nomme Sémaphore : il serait bien le signal qui rassure les marins d'un port à un autre.

« Tu voulais une F1, t'auras une chaise roulante ». Non content de faire mouliner les hardcore kids partout en Europe sur scène avec Elephants, Baboune kicke grave avec un premier ep, Faux départ, réalisé chez Avatar Prod (Doliath). C'est du rap pluvieux, noir, colérique parfois, toujours sur le fil du craquage. Splash ! Une belle empreinte de boue sur le tapis du hip-hop français.

C'est un grand format qu'il faudrait à ce groupe normand s'il s'agissait d'un film. Minimum cinémascope, c'est certain. Ses pièces pop-folk rappellent Springsteen au meilleur de sa forme, ou le calme apaisé de Bon Iver : c'est cristallin, contemplatif sans être passif, et il s'en dégage comme une rassurante impression de quiétude orchestrée.

Insaisissable, la diva en rose électrique. Toujours munie de sa guitare blanche comme l'épée du Paladin, elle réconcilie en une seule figure la Princesse et le Chevalier censé la sauver. Car c'est elle qui viendra sauver la chanson de la monotonie. Qu'elle choisisse le classique guitare-batterie, la clarinette ou le violon pour accompagner ses réquisitoires contre l'ennui, on est toujours sûrs d'avoir un truc à y découvrir.

Qu’ont en commun Aleister Crowley, Austin Osman Spare, Philip K. Dick et Courtney Love ? Pas grand-chose, on vous l'accorde ; sauf dans la tête de Nathanaëlle Hauguel. Malgré ses envies de passer de l'acid folk à la techno en gardant comme fil conducteur le transhumanisme post-moderne et les nounours, elle prend le temps de monter les amplis à 11 avec un premier album en groupe, Arcane Majeur.

Trois chanteurs et un DJ, c'est l'alternative assurée à la morosité dans le format de la chanson actuelle. Une technicité vocale hors-pair sans être démonstrative, des hymnes entraînants en forme d'appel à la fiesta : rock, soul, rumba et electro s'y font la bise. Ce billet d'humeur serait bien après tout un billet doux ?

Les kids d'aujourd'hui sont lo-fi. Les kids aiment le chocolat vegan, les bonbons, les sodas, les guitares saturées, les chemises à fleurs et la plage. Les kids aiment aussi les cheveux aux couleurs pas vraiment naturelles ; ça met en valeur leur indépendance d'esprit. Mais ce que les kids aiment par-dessus tout, c'est la joie sauvage d'un refrain qui se chantonne plus haut que le bruit du train-train de l'âge adulte.

Il fallait bien un quartet surdoué pour illustrer tous les croisements possibles entre les genres, de l'Europe aux Amériques en passant par les Caraïbes. C'est donc un stupéfiant trio piano-basse-batterie qui accompagne la voix d'Hélène Argo, sur un territoire imaginaire où l’on devine les côtes du Brésil au large d'une jam-session continentale.

Marcus, MC vibrant de ferveur humaine, a décidé de délaisser le monde des instrus sur ordi pour bâtir un groupe bien vivant et porter ses textes mordants. Africanisme, jazz et world se rencontrent brillamment dans sa cuisine, au service d'un hip-hop métissé et franc du collier, joué avec feeling et passion.

Jazz, embruns, rock psychédélique, envolées lyriques et incantations de rois-pêcheurs : il y a tout ça dans ce trio issu du collectif les Vibrants Défricheurs, fasciné par la poésie des îles et des océans. Chantant en suédois ou en créole au gré du vent, expérimentant autour du blues ou des formes free, la musique de You est toujours mouvante, comme une marée incontrôlable.

Oui, Animal Trist-é, avec un accent aigu. Attristé, pourrions-nous spéculer peut-être ? En tout cas, c'est à une sacrée séance de catharsis noire que nous convie ce groupe qui jongle avec les influences vénéneuses, de Nick Cave aux Doors. Du rock lancinant, hypnotique et habité, qui déterre de l'inconscient les sentiments les plus sombres.

Décidément, l'Angleterre est vraiment un fournisseur de pavés rock'n roll brûlants en ce moment... Après The Jim Jones Revue, voici Tankus The Henge, emmené par Jaz Delorean au chant et au piano, aux commandes d'une vraie troupe de swing-rock rétro cuivrée. Comme si Syd Barrett jouait dans une fanfare avec les Kinks : tout peut arriver !

Ayant baigné dans le Makossa et le Sèkèlè depuis son jeune âge dans son Cameroun natal, Sango débarque à Paris pour accompagner sur scène à la basse des pointures comme Ayo, Patrice, The Nubians, après avoir fondé Vol de Nuit, son groupe rock-fusion. Il vole aujourd'hui en solo, racontant ses racines en Douala, la langue du littoral : un poète afro-funk est né.

Comme Jimi Hendrix, on sait tous que Tupac Shakur n'est pas vraiment mort : il s'est réincarné dans le corps d'une femme de Cape Town, rappeuse qui remet du danger et de la « street-cred » dans une scène queer qui se moque bien de politesse quand il s'agit de se réapproprier la parole. C'est fun, décomplexé, truffé de trouvailles sonores propres au dynamisme musical de l'Afrique du Sud d'aujourd'hui.

On l'a connu un peu plus réservé au sein de Calexico et de son rock pour sierras sablonneuses ; c'est que le multi-instrumentiste Sergio Mendoza avait besoin d'une bonne dose de couleurs mexicaines dans son cocktail western. Le résultat ? Une cumbia moite, trempée dans le jus de cactus de ses racines latinas pour laisser parler les jambes, le bassin et ce grain de folie qu'on a tous dans la tête.